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Quel ne fut pas, un jour, l'étonnement de ce très sérieux professeur d'université lorsqu'il apprit que l'une de ses plus vielles copines, respectable speakerine de la RTBF et lectrice virtuose des bulletins colombophiles [2], cultivait par devers elle une passion hortonanologique d'un comparable acabit, assortie d'une remarquable érudition en la matière -- comme en témoigne d'ailleurs avec une éloquence non feinte le remarquable essai hortonanologique intitulé Phéménologie des mythes régulateurs post-néandertaliens, résurgences et rémanence dans l'univers citadin à l'aube du 3e millénaire, accessible en cliquant simplement sur le titre (ce qui, vu sa longueur, devrait être facile même pour les personnes disposant d'une faible habileté psycho-motrice) ou sur le fac similé ci-après.
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(ou en édition de luxe |
Mais, plus encore : la demi-sur de cette vénérable amie, épouse de Viking et norvégienne d'adoption depuis des lustres, avait fait présent à celle-ci d'un authentique Julenisse, c'est-à-dire d'un specimen de la branche scandinave de la grande famille des nains de jardins, singulièrement associé à la fête de Noël («Jule», en norvégien -- prononcer YOUL, comme dans Brinner et non pas comme dans «il est bancal du côté cérébral, mais c'est mon jules, et je l'ai-ai-meuh »).
Le très sérieux professeur d'université, tout entier dévoué à la recherche scientifique, s'empressa d'ailleurs incontinent de fouiller les recoins les plus abscons de la Grande Toile afin de se renseigner davantage sur les coutumes de ces nains norvégiens. Avec une chance qui ne pouvait pas ne pas venir au moins en partie de son amicale sympathie pour les petits êtres à longues barbes et à bonnets rouges, il tomba sans crier gare sur un fort beau site (nørvëgien, celå vå såns dire) que l'øn peut d'åilleurs encøre visiter de nøs jøurs, åvec un peu de førtune, à l'ådresse suivånte (oups, désolé pour l'accent...)
Et, de nouveau, le temps -- qui ne semble guère connaître d'autres activités -- passa
Le printemps revint, le petit nain quitta son dôme de verre et retrouva ses quartiers dans le jardin quelque peu échevelé du très sérieux professeur, avec, sur les lèvres, le sourire inexpugnable d'un moine zen venant de faire l'expérience du satori sur le flanc sud du Mont Fuji.
Mais celui-ci, qui habitait cette zone de la grande ville boréale dont il est ici question que l'on appelle communément «Le Village», cédant aux coutumes locales des autochtones, s'empressa d'aller s'inscrire dans un club de fitness et de body-building dont on pourra constater ici-même les remarquables effets. O tempora!-- comme eût dit l'autre...
[1] Du latin hortus («jardin») et nanus («nain»), ainsi que du grec logos (« discours sur», «science de»). [retour au texte]
[2] Une précision s'impose sans doute ici, notamment à l'intention des lecteurs de ces chroniques que, pour des raisons d'exotisme culturel, ce terme pourrait intriguer.
Contrairement à ce qu'il pourrait être tentant de penser à première vue, la colombophilie n'est pas un chapitre de la Psychopathia Sexualis de Richard von Krafft-Ebbing (Stuttgart, Verlag F. Encke, 1887. Titre complet : Psychopathia Sexualis mit besondere Berücksichtigung der conträren Sexualempfindung. Eine klinische-forensiche Studie). Il ne s'agit pas non plus d'une secte vouée au culte de Christophe Colomb, ni encore moins d'une manière savante de désigner le fan club de l'inspecteur Columbo.
La colombophilie est un sport tout ce qu'il y a de plus sérieux, très populaire notamment en Belgique et dans certaines parties de la France du Nord, qui consiste à élever et à dresser, pour la course, des pigeons voyageurs. D'où, on l'aura compris, l'importance cruciale, pour les managers de cettes petites bestioles aérodynamiques, d'être bien informés sur les conditons météorologiques les jours où des courses ont lieu.
Le pigeon voyageur, comme chacun sait, est par ailleurs l'ancêtre du télégraphe, du télex et, plus récemment, du téléphone portable. On a tendance à oublier aujourd'hui, à l'heure de l'explosion des «nouvelles technologies de la communication», que celui-ci joua également un rôle très important au cours de la première Guerre mondiale. Symbole de paix, cet oiseau fut en effet lui aussi mobilisé comme soldat en 14-18, travaillant de concert avec la TSF alors balbutiante dans les unités de transmission. La Belgique, reconaissante, lui a même érigé un édifiant monument -- que l'on peut admirer à Bruxelles, quai des Blindés (près du Béguinage).
Monument au
Pigeon-Soldat, Bruxelles (détails)