Éditorial de Mario Bard,
du Relais Mont-Royal
Mourir; aujourd'hui, n'importe quand!
Mourir. C'est un mot qui en effraie plus d'un aujourd'hui. On ne veut pas mourir, on se refuse à mourir ou, au contraire, on désire à tout prix mourir. La mort de quelqu'un nous laisse rarement indifférent. Toujours, elle nous secoue, que l'on soit croyant ou non. En plus, pourquoi meurt-on encore aujourd'hui? La science peut très bien "cloner " des parties du corps humain pour remplacer le foie malade, la rate défectueuse, les poumons trop pollués. Nous pourrions allonger le temps de notre vie sur cette terre. Ce serait fantastique non ? Vivre longtemps, éternellement sur terre avec des morceaux de corps faits sur mesure pour nous. Grâce aux avancées de la génétique, on peut sûrement rêver. Mais les fleurs continuent à mourir, elles...
Il semble bien que la souffrance et la mort fassent aussi partie de notre génétique. Qu'on le veuille ou non. Alors, quel sens donner à tout cela ? Pourquoi faut-il mourir, alors que la vie est, pour beaucoup d'entre nous, un trésor de beauté, un trésor de vivacité?
En tant que chrétien, quand je pense à la mort, je ne peux m'empêcher de penser à Ieshoua de Nazareth. Cette mort, il y a près de 1970 ans, donne encore des frissons aujourd'hui et nous fait célébrer un triduum (appelé triduum pascale). Trois jours où l'on se souvient du dernier repas de Ieshoua avec ses disciples, de ses tortures, de sa mort sur une croix et de sa résurrection trois jours plus tard. Nous, chrétiens, avons souvent l'habitude de dire que Ieshoua de Nazareth est venu pour nous sauver de nos péchés. Au départ, j'acceptais cette phrase sans broncher. Puis, petit à petit, je me suis demandé ce qu'elle signifiait? Mourir pour nous sauver ? Souffrir sur une croix, pour nous sauver de quoi? De nos péchés ? Dieu sait que mon péché est et demeure difficile à vivre. Il me connaît mieux que moi et sait que j'ai une tête de pioche. Alors, comment un événement, qui historiquement est arrivé il y a environ 1970 ans, peut me sauver maintenant?
Le sens du mot sauver, dans le dictionnaire Petit Larousse illustré de 1989, est: " tirer quelqu'un du danger de la mort et du malheur. Préserver de la perte et de la destruction; procurer le salut éternel. "
Pour l'esprit critique que je deviens, la mort de Ieshoua qui me sauve aujourd'hui, 1970 ans environ après sa mort, ça ne tient pas debout. Jusqu'à ce que je regarde de nouveau les Évangiles de la Passion de Ieshoua. On peut comprendre que sauver à la manière de Ieshoua, c'est être le pardon complet jusqu'à la croix. " Père, pardonne leur car ils ne savent ce qu'ils font " dira t-il dans l'Évangile de Marc. Le sens de la croix ne se trouve t-il pas dans ce don qu'il fait? Le pardon est un don au sens de donner et non de qualité innée. Ieshoua n'avait pas " prévu " sa mort. Sinon, cela aurait été un simulacre, une comédie sans âme. " Je meurs en sachant très bien que je ressuscite le 3e jour, pas de problème. Bonne nuit! " Si cette affirmation était juste, alors je dirais : quel pantin! Non, la souffrance de Ieshoua est réelle et l'absence de son Père lui pèse lourdement. " Eloï, Eloï, lama sabachtani! ". Ce qui signifie : " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? " Ce n'est pas de la comédie. Il souffre réellement et meurt réellement.
...SUITE 1
|