Éditorial de Mario Bard,
du Relais Mont-Royal
Mourir; aujourd'hui, n'importe quand! - SUITE 1
Et c'est dans cette souffrance que son originalité se manifeste. Son pardon sur la croix est réel et Ieshoua aurait très bien pu le refuser. Il avait cette liberté. Mais il préfère aller jusqu'au bout de son enseignement. C'est peut-être là qu'il nous sauve. En donnant son pardon, il meurt à lui même, mais ouvre l'espace à l'amour tout entier.
En tant que chrétien, ce pardon, nous pouvons tous et toutes le donner. Nous sommes tous et toutes appelés à aller vers ce trésor qu'est le don total de soi. C'est le sens de la mort de Ieshoua. Souffrir, tout le monde y est confronté. Nous souffrons tous à l'un ou l'autre moment de notre vie. Encore aujourd'hui, des gens souffrent à cause de leurs idées, de leurs engagements. Des gens sont torturés partout dans le monde parce qu'ils parlent trop, veulent aider leur frères, veulent êtres libres. Ici, des gens de toutes générations n'ont pas la dignité de travailler parce qu'on fait des mises à pied au nom de la gloire du profit. Des jeunes se suicident parce qu'ils ne savent comment donner un sens à leur vie. Non, ce qui rend particulière sa mort sur la croix, c'est la manière d'être de Ieshoua. Il ne renie pas ce qu'il a dit, ce qu'il a fait, ce qu'il est. Il pardonne sans cesse. Pas un moment où il hait ses agresseurs. Son cœur est pur, son cœur est dans celui de Dieu, d'un Dieu Père.
Peut-être avez-vous aussi des exemples, dans votre propre vie, de gens qui sont sauvés parce qu'ils pardonnent. Ils meurent, j'oserais dire, en état de grâce! En état de totale gratuité puisque les mots grâce et gratuité ont le même sens. Être sauver, pour le chrétien, c'est peut-être être tiré de la mort du péché par l'amour total de Ieshoua qui se donne même sur la croix? Ce pardon est imitable par tous pour que nous devenions, nous aussi, des Christs au sens fort du terme; serviteur de l'autre jusqu'au bout de nous mêmes. Au bout de notre amour le plus profond. Celui qui n'est ni sentimental, ni histoire d'un soir. Cet amour qui dépasse largement les caricatures qui trop souvent font qu'une chanson d'amour aujourd'hui s'apparente plus à une lamentation ennuyeuse et dépourvue de générosité. L'amour, s'il vieillit bien, n'a plus rien de l'amour adolescent que tant d'entre nous recherchons, mais il devient un don total partout, où que nous soyons.
L'amour chrétien est plein de la mort à soi même. Comme l'amour de Ieshoua de Nazareth. Mais il n'est rien sans la résurrection. D'ailleurs, mourir à soi implique ce mouvement de mort-résurrection. C'est un mouvement constant. " Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt pas, lui même reste seul. Mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruits. " J'aime beaucoup cette image pour expliquer ce mouvement vers la mort qui est nécessaire pour aller vers la vie. Pour grandir différemment. Est-ce que nous sommes assez conscients que ce mouvement commence maintenant, aujourd'hui, ce soir, en cette seconde? C'est ainsi, peut-être, qu'on peut apprivoiser l'idée même de ce passage qu'est la mort. Mourir à soi commence aujourd'hui. Et c'est peut-être la seule façon d'apprivoiser la mort aujourd'hui : le don total de soi.
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