Réflexion de début d'année de Georges Convert,
du Relais Mont-Royal
Religion et peuple-nation, SUITE 1
De là cette question un peu naïve qui s'est imposée à moi: Ne peut-on
considérer la communauté issue de Ieshoua comme une volonté de faire
éclater l'équation entre religion et peuple-nation? Non pas que ces peuples
soit impropres à témoigner du règne de Dieu, mais ils le font avec les
richesses -et aussi les limites- de leurs particularités. La communauté des
disciples de Ieshoua n'a-t-elle pas vocation à un autre témoignage:
traduire à son tour le règne de l'amour de Dieu, mais en rassemblant des
disciples de toutes les nations dans une même communion?
Ieshoua a demandé à ses apôtres de faire des disciples dans toutes les nations (Matthieu
28,19) et Paul traduira cela ainsi: Il n'y a plus ni Juif, ni Grec; il n'y
a plus ni esclave, ni homme libre; il n'y a plus l'homme et la femme; car
tous, vous n'êtes qu'un en Ieshoua messie (Galates 3,28). Dans cette
communauté autour de Ieshoua, il ne s'agit pas de niveler les
particularités de chacune et de chacun mais de leur permettre de s'épanouir
dans la communion. Il est, en ce sens, souhaitable que les chrétiens
d'Orient soient différents de ceux d'Occident, que les liturgies
orthodoxes, protestantes et catholiques gardent leurs sensibilités
diverses. Malheureusement, le drame est qu'au cours de l'histoire les
différences se sont cristallisées en divergences et ont engendré
oppositions et querelles.
Le dialogue eocuménique s'efforce aujourd'hui de
travailler à la communion de tous les chrétiens dans une diversité
réconciliée. Et le dialogue interreligieux veut lui aussi contribuer à un
enrichissement mutuel entre toutes les religions. J'emprunte à Claude
Geffré cette citation: "Nous avons besoin de passer par la vérité des
autres pour mieux comprendre la vérité dont nous nous réclamons (Profession
Théologien, Albin Michel 1999, p.156). Il rejoint cette pensée de
Lacordaire que j'aime beaucoup et que je cite de mémoire: "Quand je
rencontre quelqu'un dont je ne partage pas les opinions, je ne cherche pas
à le convaincre de son erreur mais à ce que nous marchions ensemble vers
une vérité plus haute."
SUITE 2...
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