Réflexion de début d'année de Georges Convert,
du Relais Mont-Royal
Religion et peuple-nation
C'est au jour de Noël que j'écris cette lettre. Je suis à Bondville, dans
la maison de campagne de Copam. Le soleil est éclatant et fait briller les
paillettes de neige par une température de moins 16 degrés. Je rentre d'un
voyage trop court en Israël, les yeux encore remplis des levers de soleil
sur le lac de Tibériade et des couchers illuminant le Thabor. Mais surtout
je garde vive en moi l'impression du désert, ce lieu montagneux où seule la
roche s'offre au regard, où le silence laisse entendre le souffle du vent
qu'accompagne le chant de quelques oiseaux. Je dois la grâce de cette
première fois au pays de Ieshoua à Xavier, un des fondateurs du Relais, qui
s'y est arrêté au cours d'un pélerinage à pied depuis la France via
l'Italie, la Grèce, la Turquie, la Syrie, le Liban et la Jordanie.
Vivre quelques jours sur cette terre fait expérimenter quelque peu la
coexistence difficile de ces deux grandes religions qui se réclament
d'Abraham: la juive descendante de son fils Isaac et la musulmane de son
fils Ismaël. Dans cette terre où vécut Ieshoua (nom araméen qui signifie
ÐDieu libèreð et dont ÐJésusð n'est que la transcription), les chrétiens
sont une petite minorité. On ne peut s'empêcher de s'interroger sur leur
rôle face à Israël et à l'Islam, et donc se demander pourquoi soi-même on
est chrétien.
Avec Moïse, nous avons un merveilleux essai de bâtir un peuple qui
s'efforce de vivre de l'amour en s'unifiant autour de Dieu, source de
l'amour. La Tora de la Bible énonce la Règle de vie par laquelle les
tribus juives vont tenter de devenir le peuple du règne de Dieu. Du côté
arabe, en simplifiant quelque peu, on pourrait dire que Mahomet tentera de
réaliser le même but, pour les descendants d'Ismaël, autour du Coran.
Israël et l'Islam, dans leur origine, sont des religions qui ont façonné un
peuple en lui donnant une structure théocratique. Il est vrai qu'ensuite
des siècles d'histoire vont fortement nuancer ce lien peuple-religion: en
effet, un non-juif peut se convertir à la religion juive, le peuple
d'Israël aujourd'hui est un état laïc, la religion musulmane ne compte pas
que des arabes... Pourtant ce qui m'a impressionné au cours de ce voyage,
c'est que les Israélites et les Palestiniens me sont apparus comme deux
peuples dont la religion façonne non seulement l'existence individuelle
mais aussi la vie collective.
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