Là où mille mensonges permettent de vivre en civilisation, une seule vérité suffit à nous retourner en barbarie.

 

Gilles Barbedette,
L'Invitation au mensonge.
Essai sur le roman. Gallimard, 1989

Trace passionnée d'années d'études parisiennes déjà bien lointaines,

GILLES

-- ou l'inévitable attraction des contraires...

 

 

 

Trois romans, quelques essais, plusieurs traductions (Isherwood, White, Nabokov); éditeur, journaliste, parisien jusqu'à la coquetterie de s'en défendre, petit Rastignac breton. Insupportable et irrésitible.

Époque trop exacerbée pour les affections simples. Amour, haine, indifférence. Style. Genre littéraire. Surf -- avant le terme -- des affections.

Histoire de chats, peut-être.

 

Mon amour des félins est en rapport avec une préférence
pour les univers de tranquillité. Il suffit de voir un chat
silencieusement accroupi sous un massif de fleurs et guettant
d'un oeil farouche toute plume et toute proie à sa mesure
et soudain l'on désire posséder cette nonchalence dans l'inaction, cette énergie contenue, ce calme des dieux de l'ombre.

Gilles Barbedette,
Une saison en enfance,
Hatier, 1991

 

Mais son audace provocante, mais son courage de petit matou hypersensible, mais sa fragilité d'orphelin inquiet.

 

Son dernier livre, Mémoires d'un jeune homme devenu vieux.

 

Étrange faire-part, ô combien littéraire.

Matin de 1993, enveloppe coussinée d'un envoi de presse. Un petit livre, sans mot. Je le savais malade, et n'avais pas eu de ses nouvelles depuis quelques mois. Mais il écrivait peu. Tiens, pensai-je, il a eu encore l'énergie d'un autre...

Le bandeau rouge sur la couverture crème NRF.

 

Au dos, la notice.

Gilles Barbedette est né le 28 janvier 1956 à...

Je dois faire glisser le bandeau vers le bas pour poursuivre la lecture.

... Rennes. En mourant, le 30 mars 1992, il laissait ce manuscrit...

 

Plus tard, au hasard des rayons d'une librairie parisienne, un autre livre, écrit par un ami proche, qui parlera de ses derniers moments -- mais avec la pudeur de l'anonymat que je lui dois bien de respecter.

 

Mourir peut-être une délivrance,
mais aussi un étonnement.
Pourquoi tel jour et non tel autre?
Pourquoi s'effacer aussi discrètement?

Mémoires d'un jeune homme devenu vieux, Gallimard, 1993

 

Et la tendre mémoire d'un accent aigu.


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