Imaginer théologiquement l'homosexualité

 

Communication, congrès national du mouvement «Dignity»
Montréal, U. McGill, 16-18.5.1986


J'imagine qu'il y a un certain nombre de personnes, parmi nous, qui ne détestent pas le jambon, les crevettes, le boudin, ou le cipâte avec du lièvre dedans...

Je soupçonne que, malgré le SIDA, il y en a encore un certain nombre qui vont de temps en temps donner du sang à la Croix-Rouge...

Je suppose qu'il doit y en avoir ici qui portent des chemises ou des blouses en polyester et coton ou, en hiver, des chandails laine et cuir...

Je présume par ailleurs que la majorité d'entre vous devez avoir des comptes d'épargne et plusieurs, sans doute, des régimes de retraite...

Je ne sais pas s'il y a ici des évêques - en tout cas, il y en a au moins un qui a accepté de présider une célébration pendant le congrès -, mais il doit bien y avoir des avocats et des religieux, - c'est à dire des gens qui ont l'habitude de se faire appeler «monseigneur», «maître» ou «père»...

Enfin, je constate que, parmi les femmes qui sont ici, plusieurs n'ont pas l'air de trop se gêner pour prendre la parole dans ce congrès...

Pourtant, quand on y pense, strictement, chacune de ces choses que j'ai mentionnées a été, à un moment ou l'autre, et sur la base du texte de la Bible, considérée par la communauté judéo-chrétienne comme plus ou moins gravement incompatible avec le fait d'appartenir au peuple de Dieu. Quelques unes de ces «interdictions» - manger certains aliments ou porter des vêtements de tissus mélangés - viennent de l'Ancien Testament; d'autres (l'ordre donné aux femmes de se taire dans les assemblées, par exemple) de saint Paul ou, alors, du Christ lui-même qui dit: «ne vous faites pas appeler père, seigneur ou maître, vous n'avez qu'un seul seigneur, un seul père, un seul maître...» Plusieurs se trouvent par ailleurs juste à côté des rares passages où la Bible paraît condamner ce que nous appelons, aujourd'hui, l'homosexualité. D'autres encore - celle de prêter de l'argent à intérêt - ont été évidentes pour l'Eglise pendant des siècles.

Il y a là, me semble-t-il, une sorte de «mystère théologique», si se peux dire. Comment se fait-il que la tradition biblique, juive puis chrétienne, qui a eu assez d'imagination, d'audace, de créativité théologique pour prendre souvent des virages à 180º par rapport à bien des comportements, des lois ou des situations pourtant clairement interdites par le texte biblique (ou par de longs siècles de compréhension du texte biblique), - comment se fait-il que cette tradition semble avoir si longtemps (et encore aujourd'hui) manqué tellement d'imagination théologique par rapport à ce que, encore une fois, nous appelons aujourd'hui l'homosexualité?

Comment se fait-il qu'elle soit largement restée comme figée dans des attitudes héritées d'un monde patriarcal d'il y a trois mille ans, d'une époque où, il faut quand même pas l'oublier, le culte religieux, consistait en bonne partie à égorger des moutons et à répandre leur sang dans le temple de Jérusalem...

Si on avait un peu plus de temps (et on pourra éventuellement y revenir), j'aurais bien sûr envie de proposer quelques hypothèses pour tenter d'éclaircir un peu ce «mystère».

En insistant par exemple pour rappeler le contexte social et culturel de plusieurs des règles et des interdictions bibliques. On sait par exemple que le petit peuple d'Israël a été pendant des siècles (en fait, presque tout le temps) entouré de puissants voisins et qu'il a été obligé de se battre farouchement pour conserver son identité culturelle, politique, religieuse. Une des manières de le faire, bien sûr, ça a été de refuser de faire bien des choses que «les autres» faisaient. Or il se trouve que souvent, les autres, les voisins, dans leurs pratiques religieuses, intégraient une importante dimension sexuelle et faisaient une place accueillante à ce que nous appelons l'homosexualité.

Remarquez, un réflexe comme celui-là n'est pas propre à la culture juive d'il y a 3000 ans. Je pense qu'il se retrouve dans toute culture qui se sent fragile, menacée dans son identité. On a juste à penser au Québec. Quand j'étais jeune, on n'avait pas le droit d'aller dans les YMCA ou d'appartenir au Kiwanis - parce que c'était des protestants, bien sûr, et qu'ils prenaient leur douche tout nus dans les Y... Mais on sait aussi que les jeunes Québécois n'étaient pas non plus encouragés à se lancer dans les affaires - ça, c'était bon pour les anglo protestants... Oublions pas que les voisins d'Israël devaient être aussi agacés par les lois bibliques que bien des anglophones par la loi 101...

Bon. On pourrait bien sûr aussi essayer de comprendre comment il se fait qu'on a eu tant de mal à dépasser des attitudes très anciennes de la tradition judéo-chrétienne par rapport à ce que nous appelons l'homosexualité - même longtemps après que le contexte biblique du peuple juif ait été complètement changé. C'est entre autres choses ce que j'ai essayé de développer dans mon livre. Et on pourra aussi bien sûr y revenir.

Mais j'ai surtout envie d'insister ici pour voir comment - et pourquoi, il me semble - la communauté chrétienne peut et doit trouver, aujourd'hui, l'imagination théologique nécessaire pour transformer son attitude à l'égard de l'expérience homosexuelle.

*

Je crois tout d'abord qu'il faut revenir au coeur de cette Bonne Nouvelle chrétienne - c'est-à dire, aussi, au coeur du thème de ce congrès - qui est d'abord, on le sait, celle du Christ vivant. C'est ça, la grande «prétention» de la foi chrétienne; et la tâche des croyants, dès lors, leur appel, leur vocation, consiste à tenter de rejoindre, chaque jour, ce Christ vivant;

de lui être fidèle aujourd'hui et ici comme l'ont été, en leur temps et dans un autre univers, Pierre, Paul, Jean, Matthieu, Marthe et toutes les Marie, tous ceux et celles qui ont, les premiers, suivi l'appel du Christ vivant.

Et, cela, dans un monde à maints égards complètement différent de celui où Jésus a vécu et où l'ont suivi ses premiers disciples. Un monde où, par exemple, pour bien des peuples, la lune était encore une divinité puissante, alors que notre monde à nous y a déjà envoyé des astronautes et bien des déchets...

Or, précisément à cause de cette différence, être fidèle, en ce sens, ne peut jamais consister à répéter mécaniquement la lettre d'un texte ou des gestes déjà posés par d'autres mais à traduire le sens de la Bonne Nouvelle avec des mots et des gestes qui appartiennent au monde des hommes et des femmes d'ici et maintenant.

C'est d'ailleurs là une sorte d'évidence qui n'est pas propre à la théologie: dans notre culture, pour prendre un exemple qu'on pourrait multiplier, la politesse, quand on est invité à manger chez des amis, consiste à vider son assiette - même si on n'a pas tellement faim... Dans d'autres cultures - je pense notamment à l'Ethiopie où j'ai vécu quelques années - elle consiste au contraire à laisser, à la fin, son assiette aussi pleine qu'on la reçue - même quand on a très faim... Si on veut être fidèle ailleurs à la politesse, il faut savoir traduire, à la limite faire le contraire de ce qu'on a toujours fait, des bonnes manières que notre mère a eu tant de misère à nous apprendre... (Ça a l'air de rien mais, quand on y pense, changer de monde, ça demande un énorme effort d'adaptation, de traduction, d'acculturation, comme on dit volontiers aujourd'hui, - que, pourtant, le christianisme a fait continuellement, depuis deux mille ans, pour transmettre et faire comprendre son message à des cultures, à des peuples, à des hommes et à des femmes différents du monde où il est né, où il a grandi.

Ce travail de traduction, d'adaptation nécessaire à la fidélité, c'est le travail de la communauté dans son ensemble:

- c'est le travail des pasteurs, qui sont responsables de donner des balises pour que le monde ne s'égare pas;

- c'est, aussi, le travail de ceux qu'on peut appeler les théologiens, et les moralistes, c'est-à-dire ceux dont c'est la job de creuser les sources de la Bonne Nouvelle, la tradition, de bien connaître le monde des hommes et des femmes «de ce temps-là» mais aussi celui des hommes et des femmes «de leur temps» pour que cette Bonne Nouvelle annoncée «dans ce temps-là» puisse leur être communiquée avec des mots compréhensibles ici et maintenant; (ça ne donnerait pas grand chose, par exemple, de lire ici des passages de l'Evangile et grec ou en hébreu; y a pas grand monde qui comprendrait; pourtant, c'est la langue dans laquelle la Bonne Nouvelle a déjà été annocée; mais il faut au moins la traduire pour qu'on la comprenne...);

- mais c'est aussi la tâche de la communauté, du Peuple de Dieu dans son ensemble et sa diversité, qui vit sa foi et sa fidélité dans sa vie de tous les jours. Je reviendrai là dessus.

Ce n'est pas un travail facile, pas toujours harmonieux et unanime du premier coup. Depuis les débuts du peuple d'Israël jusqu'à la naissance de l'Eglise, la Bible, en fait, est pleine de traces de débats qui ont eu lieu entre des groupes aussi convaincus les uns que les autres d'être fidèles à Dieu. (C'est la même chose, bien sûr à travers toute l'histoire de l'Eglise).

Dans le Premier Livre de Samuel, par exemple, on voit - côte à côte - la controverse assez féroce pour savoir si Israël doit ou non se donner un roi comme les autres peuples. Et on connaît la querelle (il faut être bien naïf pour penser qu'elle a dû se faire sans engueulade!) entre Pierre et Paul au sujet de savoir si les non Juifs convertis devaient ou non être circoncis. «Quant à Pierre, dit Paul, qui était arrivé à Antioche avec ses gros sabots pour défendre la circoncision, je lui ai résisté en face, parce qu'il avait tort - et je lui ai dit devant tout le monde qu'il parlait à travers son chapeau». (Et je résiste difficilement, quand je pense à ça, à la tentation de rappeler les premiers mots de Jean-Paul II, le jour de son couronnement, lorsqu'il a pris la parole - Il parlait de son français, bien entendu - en disant : «vous me corrigerez si je me trompe...»)

Par rapport à l'homosexualité, je pense que ce travail de traduction des attitudes chrétiennes a commencé à se faire - même s'il en reste, je crois, beaucoup à faire.

Je pense qu'une des premières tâches (j'ai été parmi ceux qui ont tenté de l'entreprendre, en particulier dans le monde francophone) consistait à «faire un peu le ménage», si j'ose dire, d'interprétations de textes bibliques qui n'étaient simplement plus tenables - remarquez bien, comme on a dû le faire pour bien d'autres choses: on peut penser, par exemple, à ce passage de l'Evangile où Jésus utilise l'image des branches mortes qu'on coupe et qu'on jette au feu. Eh bien, pendant un bon bout de temps, on sait que des théologiens très sérieux et des hommes d'Eglise très sincères, se sont fondés sur une image comme celle-là - comprise dans un sens littéral - pour justifier de brûler ceux qui ne partageaient pas l'enseignement officiel de l'Eglise...

Faire le ménage, donc...

Que ce soit pour finir à peu près par admettre que ce célèbre texte de Sodome et Gomorrhe, par exemple, dont on s'est servi pendant tant de siècles pour bien mal accueillir les homosexuels, visait vraisemblablement beaucoup plus le manque d'accueil que l'homosexualité...

Et qu'il nous a peut-être assez fait perdre de vue, par contre, un refrain fondamental qui revient constamment dans la Bible:

accueillez l'étranger comme un frère - pas parce qu'il est nécessairement fin ou aimable! - mais parce que vous aussi - souvenez-vous en! - vous avez été des étrangers, en Egypte, et que vous y avez goûté...

Ou, alors, par exemple, pour s'apercevoir que saint Paul utilise exactement la même expression - «contre nature» - pour parler de ceux et celles que nous (pas lui, remarquez) appelons les homosexuels et les lesbiennes et pour parler de Dieu - quand Dieu décide que l'Evangile s'adresse aussi aux non-Juifs. Les homosexuels et les lesbiennes sont peut-être «contre nature», mais ils sont quand même pas en si mauvaise compagnie...

Bon, bref - je n'ai malheureusement pas le temps de faire le tour - pour s'apercevoir que les références bibliques directes à ce que nous appelons l'homosexualité sont finalement bien minces, c'est le moins qu'on puisse dire, et peut-être pas tout à fait suffisantes pour envoyer du monde au bûcher...

De fait, on a vu apparaître de nouveaux discours théologiques [la conférence du P. Guindon y faisait allusion] qui ont effectivement tenu compte de ça, mais qui, malgré tout, ont continué de nourrir une attitude au fond toujours aussi négative envers l'homosexualité (quoique de manière différente).

En rappelant, par exemple, que Dieu avait créé l'être humain homme et femme, que c'est à travers la complémentarité des sexes que les humains se réalisent, que les relations homosexuelles ne permettent pas de faire l'expérience d'une véritable altérité. (Et... on a même entendu des discours assez «profonds» pour dire que... si Dieu avait été d'accord avec l'homosexualité, c'est Adam et Yves qu'il aurait créé...) Bref, que l'homosexualité demeurait un «désordre», que le fait de la vivre pouvait au mieux être un «moindre mal» -- peut-être moins pire que de tuer son père pis sa mère, -- mais, en tout cas, jamais un BIEN dont on puisse vraiment rendre grâce à Dieu, comme l'intelligence ou un talent artistique, par exemple, lui dire, AMEN, ou MAGNIFICAT, - Merci, Seigneur, d'avoir fait de moi quelque chose de beau...

Bon. On pourrait penser que c'est quand même déjà un certain progrès, dans la mesure où ça nous oblige à réfléchir sur la compréhension chrétienne de l'amour et des relations interpersonnelles, et pas juste appliquer mécaniquement des anciennes prescriptions. Encore que, souvent, c'est fascinant de voir comment ces théologies et ces morales-là ont l'air de pas se rendre compte des contradictions qu'elles portent. Que si, par exemple, c'est vrai que la seule manière de vivre l'expérience de l'altérité c'est à travers une relation amoureuse homme/femme, on voit pas très bien comment on peut justifier la valeur accordée à la chasteté, au célibat par la tradition chrétienne... Arrangez ça comme vous voudrez, mais je ne vois vraiment pas comment il serait plus évident de vivre l'expérience de l'altérité à travers le célibat qu'à travers une relation avec une personne de son propre sexe...

Souvent, par ailleurs, ces théologies vont faire appel à des données scientifiques contemporaines pour étayer leur conception chrétienne de l'amour, des relations humaines. Ce qui est aussi, on peut dire, une sorte de progrès. Le problème, c'est que les théologiens et les moralistes ont pas toujours l'air de comprendre ce que c'est, la science; que la science est un processus en évolution constante, en recherche continuelle, toujours controversée, discutée, jamais dogmatique, unanime et définitive - y compris bien sûr sur une question comme celle de l'homosexualité. De sorte que je pense qu'il faut toujours être fort prudent dans le recours à la science, pas se contenter de retenir par exemple des affirmations scientifiques qui font notre affaire et d'en rejeter ou d'en ignorer d'autres qui nous contrarient... (Sherlock Holmes, à la fin d'une de ses rares enquêtes qu'il avait complètement ratée, celle de la Face Jaune, qui se passait dans le petit village de Norbury, dit au Dr Watson: «Watson, si jamais il vous semblait que je devenais un peu trop sûr de moi, je vous serais très reconnaissant de murmurer «Norbury» à mon oreille...» Il faudrait peut-être rappeler de temps en temps aux théologiens et aux moralistes qu'ils ont déjà condamné Galilée...)

Mais surtout, peut-être, ce qui est frappant dans plusieurs discours théologiques contemporains sur l'homosexualité - on pourrait les appeler «libéraux» -, c'est qu'ils n'ont pas l'air de se rendre compte à quel point ils sont théoriques, abstraits, myopes, faits d'avance - et qu'ils finissent même, à la limite, par être cruels, en toute bonne foi. Comme Pierre qui débarquait à Antioche avec ses gros sabots. (Combien de fois j'ai lu des réflexions de théologiens et de moralistes, par exemple, qui commencent leur réflexion en faisant le tour des termes utilisés pour désigner les homosexuels, qui en dresse une liste impressionnante, y compris des termes que personne connaît, qu'ils sont allés déterrer dans de vieux dictionnaires, - et le seul qui manque, c'est le mot gai... C'est ça que j'appelle théorique...)

C'est bien entendu, par exemple, que si on part d'une définition du bonheur qui implique une relation affective homme/femme, on va toujours nécessairement conclure - aussi clairement que 2 et 2 font 4 - que les homosexuels ne peuvent jamais être vraiment heureux... Pire que ça: inconsciement, on va peut-être même souvent contribuer à les rendre vraiment malheureux, leur mettre plus ou moins consciemment des bâtons dans les roues - et, par là, finir par prouver qu'on avait vraiment raison...

Si on décrète d'avance que les homosexuels et les lesbiennes sont incapables d'aimer vraiment, c'est bien sûr qu'on va jamais accepter de constater des signes d'amour homosexuel - et qu'on va pas faire grand chose non plus pour lui donner des chances de s'épanouir pour vrai...

Combien d'entre nous connaissent des gens (quand ils n'ont pas vécu l'expérience eux-mêmes) qui, souvent de peine et de misère, avec beaucoup de courage, ont tenté par exemple de vivre une relation amoureuse sans aucun support et même avec hostilité de la part du milieu familial, du milieu de travail, de la communauté chrétienne. Et puis, un jour, comme ça arrive aussi à un certain nombre de couples hétérosexuels par les temps qui courent!, ils se séparent. Et le seul commentaire qu'ils reçoivent c'est: vous voyez ben, on l'avait ben dit, c'est impossible...

*

Pourtant, y a des hommes et des femmes qui, dans leur vie, de leur mieux, tout croches parfois, mais avec courage, avec force, à leur manière, disent: NON... C'est pas vrai. Ca marche pas...

Qui, un peu comme Galilée devant les juges de l'Inquisition, disent non, c'est pas vrai, la terre est pas plate, est ronde - et pis elle tourne!...

 

Non, c'est pas vrai que le fait d'éprouver, de vivre un désir homosexuel, en soi, c'est un «mal»,

- que ça rend malheureux en soi, que c'est névrotique en soi,

- que c'est égoïste et narcissique en soi, que ça empêche l'amour.

 

C'est pas vrai: regardez, arrêtez de prendre vos préjugés pour la réalité, ouvrez-vous les yeux:

nous, et eux, et elles, voyez comme on s'aime...

Ah, tout croche, bien sûr;

avec des échecs, bien sûr;

avec des bavures, bien sûr.

Comme tout le monde, bien sûr...

 

Mais peut-être, c'est vrai, souvent, plus difficilement que d'autres, parce que le monde autour donne pas toujours grand chance et qu'il y a beaucoup de choses à inventer...

Ce sont ces hommes et ces femmes-là, bien entendu, qui ont donné naissance à des mouvements comme Dignity.

 

C'est cette expérience vécue par des hommes et des femmes, des croyants homosexuels et lesbiennes qui - pardonnez-moi l'expression - poussent dans le cul des théologiens, des moralistes, des pasteurs, leur disent (et le font eux-même en partie): let's go back to the good news...

Relisons les, ces textes qui nous permettent d'accéder au Christ vivant aujourd'hui, relisons-les avec des yeux neufs, des yeux qui ne refusent pas de voir. Relisons-les à partir d'Antioche, comme Paul, et non pas seulement, comme Pierre, à partir de Jérusalem. Relisons-les à partir d'un désir gai et non plus seulement à partir d'une norme straight.

 

Et qu'est-ce qu'on va trouver?

Eh bien... des choses qui étaient là, mais... qu'on avait lues un peu vite peut-être, ou qu'on n'avait pas vues, ou qu'on avait lues avec d'autres yeux...

On va voir par exemple que si, de fait, l'Ancien Testament accentue beaucoup la fécondité amoureuse du mariage - au point que de ne pas avoir d'enfants, pour l'homme et la femme des temps bibliques, c'est à peu près la plus grande malédiction divine -, on avait peut-être eu tendance à oublier qu'avec le Christ, la fécondité est devenue d'abord et avant tout une chose du coeur, de l'esprit; que l'un des premiers étrangers accepté dans l'Eglise après la Pentecôte, c'est un eunuque, un homme qui, précisément parce qu'il ne pouvait pas avoir d'enfant, était considéré comme exclu du peuple de Dieu, excommunié, par l'ancienne loi.

On voit aussi - et c'est au fond ce que j'ai essayé de suggérer, que le Dieu de la Bible, le Dieu d'Abraham, de Moïse, des Prophètes et de Jésus, est un Dieu de la liberté, un Dieu qui fait sortir son peuple de l'Egypte, un Dieu qui est toujours du bord de ceux qui sortent. [Out of Egypt, out of the closet.]

Alors, on finit par penser que la Bonne Nouvelle est aussi une Nouvelle Gaie...

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