Reliance et triplicité (Actes du séminaire 1985-1986 du RIER -- M. Maffesoli ).
Sous la direction de G. Ménard et G. Renaud.
Cahier du R.I.E.R. No 4 / Cahier du F.R.I.S.Q. No 1, automne 1987, 149p.

 

Présentation


Le R.I.E.R.

Créé en 1979 par les départements de sciences religieuses de l'Université du Québec à Montréal et de l'Université Concordia, le Regroupement interuniversitaire pour l'étude de la religion (RIER) vise entre autres objectifs à fournir un support au développement et à la diffusion de la recherche dans le domaine de l'étude de la religion et des phénomènes qui s'y rattachent. C'est ainsi par exemple qu'il organise chaque année un ensemble d'activités scientifiques et notamment des séminaires libres de recherche sur la contribution théorique et méthodologique de chercheur-e-s de réputation internationale dans le domaine de l'étude de la religion. Ces séminaires s'adressent à des professeur-e-s, chercheur-e-s, étudiant-e-s des cycles supérieurs qui, appartenant à diverses disciplines, s'intéressent à l'étude scientifique du phénomène religieux. Ils prennent habituellement la forme d'une série de rencontres pendant l'année universitaire, au terme desquelles la personne dont la contribution a été étudiée vient elle-même discuter de son oeuvre avec les participant-e-s. Ont ainsi été invités depuis 1979 Mesdames et Messieurs René Girard et R. Gustafson (1979-80); Michel de Certeau et G. Winter (1980-81); Jean Delumeau et Robert Bellah (1981-82); Mary Douglas et Jean Pohier (1982-83); Michel Meslin (1984-85). Certains de ces séminaires ont par ailleurs déjà donné lieu à des publications.

 

Le F.R.I.S.Q.

Fondé pour sa part en 1984 par des chercheurs de l'UQAM et de l'Université de Montréal, le Forum de recherches sur l'imaginaire et la socialité québécoise (F.R.I.S.Q.) vise à regrouper des universitaire, professeur-e-s, chercheur-e-s, étudiant-e-s avancé-e-s, provenant d'horizons divers des sciences humaines et engagés dans des travaux de recherche sur divers aspects de l'imaginaire et de la socialité québécoise. Au cours des deux premières années de son existence, le F.R.I.S.Q. a précisé ses orientations théoriques et méthodologiques (dans un texte que l'on trouvera en annexe), multiplié les contacts avec plusieurs chercheurs et groupes de recherche qui, au Québec et ailleurs, partagent des intérêts et des préoccupations proches. Le F.R.I.S.Q., en décembre 1984, a été officiellement reconnu comme équipe associée au Centre de Recherche sur l'Imaginaire (Groupement de Recherches Coordonnées 13056 - C.N.R.S., France) fondé par Gilbert Durand dans les années soixante. Il a organisé un colloque de lancement en septembre 1985 (UQAM, Salle des Boiseries) et un premier séminaire libre de chercheurs au cours de l'année 1986-87 sur le théme général du C.R.I.-G.R.E.C.O. («mythe du changement: changement du mythe»).

 

Séminaire 1985-86 - M. Maffesoli

Le R.I.E.R. et le F.R.I.S.Q. ont coordonné leurs efforts pour organiser, pendant l'année 1985-86, un séminaire libre de recherche autour de travaux du Professeur Michel Maffesoli, professeur titulaire de sciences sociales à l'Université de Paris V (Sorbonne), responsable du Centre d'étude sur l'actuel et le quotidien (C.E.A.Q.) et directeur du Centre de recherche sur l'imaginaire (C.R.I.-C.N.R.S.). Le thème général de ce séminaire (qui, pour son organisation, a pu compter sur une aide financière du Fonds FCAR ainsi que sur une subvention du Programme d'aide financière aux créateurs et chercheurs de l'UQAM), était:

Visages de la socialité contemporaine, imaginaire symbolique et résurgences du sacré dans la culture actuelle.

De plus en plus nombreux sont en effet ceux qui, depuis un certain nombre d'années et à travers une diversité d'approches disciplinaires, ont été à même d'observer ce qu'on a souvent appelé un «retour du religieux» ou une «résurgence de l'expérience du sacré», à travers un grand nombre de phénomènes de la culture occidentale contemporaine, y compris bien sûr au Québec: prolifération de «nouvelles religions» ou «spiritualités», souvent d'inspiration orientale; regain d'intérêt pour l'ésotérique ou l'occulte; religiosité diffuse, perceptible dans l'adhésion de plusieurs de nos contemporains à des réalités aussi diverses que l'écologie, l'érotisme, le «culte des vedettes» ou tant de visages de la «fête». Tout semble à vrai dire se passer comme si, à l'encontre des prophéties positivistes et des lectures rationalistes d'une longue époque (notamment en sciences humaines), la modernité occidentale n'avait pas du tout fait disparaître l'expérience humaine du sacré et ses prolongements religieux, mais les avait au contraire plutôt largement déplacés vers d'autres lieux et de nouveaux objets.

Mais, plus important peut-être que cette constatation de plus en plus partagée, paraît bien être l'intérêt nouveau et croissant de plusieurs chercheurs de diverses disciplines des sciences humaines pour ce vaste champ où conflue l'étude du sacré, du religieux, du mythe, des rituels, de l'imaginaire symbolique.

La contribution du professeur Michel Maffesoli à cet égard mérite d'être soulignée. Au carrefour de la sociologie et de l'histoire, de l'anthropologie et de la science des religions, dans la foulée de grands classiques (Durkheim, Weber) dont il renouvelle la lecture, sur les traces de Gilbert Durand (et de ses travaux inspirants sur l'imaginaire), Michel Maffesoli propose une lecture neuve et stimulante de la socialité contemporaine, dans laquelle il invite à voir, à l'oeuvre, le dynamisme polymorphe de ce «divin social» dont parlait Durkheim, et qui se manifeste à travers les mille et un visages - spectaculaires ou cachés - des mythologies et des rituels de notre temps.

Encore relativement peu connues au Québec, les perspectives développées par Michel Maffesoli y ont déjà suscité beaucoup d'intérêt, notamment lors d'une conférence de celui-ci, en septembre 1984, organisé conjointement par le département de sciences religieuses de l'UQAM et l'Ecole de service social de l'Université de Montréal.

 

Un «Cahier de recherche»

Ce cahier de recherche rassemble une partie des travaux réalisés dans ce séminaire. On y trouvera tout d'abord une présentation générale et succincte de l'oeuvre de Michel Maffesoli par Gilbert Renaud, professeur adjoint, École de Service social de l'U. de Montréal.

On y trouvera également un texte (inédit) établi à partir de la communication présentée par Michel Maffesoli lui-même, lors de sa participation à l'une des rencontres du séminaire en février 1986.

Ce texte est suivi d'une partie des échanges des participant-e-s avec le conférencier - échanges auxquels on a voulu conserver leur caractère dynamique et spontané tout en les élaguant des inévitables redites des interventions orales improvisées.

Mais on y trouvera également un certain nombre de courts essais rédigés par quelques-uns des participant-e-s au séminaire dans la mouvance de celui-ci. Ni articles «savants» au sens formel du terme, ni pures réactions impressionnistes, ces textes se présentent plutôt comme autant de nouvelles pistes de réflexions et de recherche inspirées et nourries par une oeuvre dont l'objectif premier, selon les propres termes de Michel Maffesoli, a toujours été de «donner à penser». Certaines de ces contributions ont déjà donné lieu à diverses communications (ainsi, par exemple, la contribution de É. Volant, de même que le texte de J.M. Larouche, qui fut d'abord présenté dans le cadre du congrès annuel de l'ACFAS). D'autres ont en quelque sorte amorcé des réflexions et recherches que leurs auteurs ont par la suite poursuivies et approfondies dans le cadre de leurs travaux. Il est apparu utile et opportun de les rendre accessibles dans leur forme actuelle, en les rassemblant dans ce «cahier de recherche» qui lui aussi, à sa manière, se présente comme un modeste mais précieux outil pour «donner à penser».

Les organisateurs de ce séminaire tiennent enfin à exprimer leur gratitude à ceux et celles qui, à divers titres, ont rendu possible cette manifestion et la publication de ce cahier. Le Fonds FCAR et le PAFACC de l'UQAM, ainsi que le R.I.E.R., pour leur soutien financier; le Professeur Michel Maffesoli, qui a chaleureusement accepté de participer à ce séminaire; les participant-e-s eux-mêmes qui en ont fait, pendant toute une année, un lieu à la fois intelligent, agréable et fécond d'échanges et de discussions.

Les organisateurs tiennent enfin à remercier d'une manière particulière Mesdames Marie Douville et Manon Lewis ainsi que Monsieur Jacques Blain, étudiant-e-s à la maîtrise en Sciences religieuses de l'UQAM qui, en plus de leur participation enrichissante au contenu de ce séminaire, ont efficacement assumé plusieurs aspects techniques de son organisation.

 

 

 

 

 

Au nom des organisateurs du séminaire,

 

Guy Ménard, professeur,
Département de Sciences religieuses (UQAM),
ancien directeur du RIER,
co-directeur du FRISQ.

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Table des matières

 

 

Présentation
G. Ménard

Présentation de l'oeuvre de M. Maffesoli
G. Renaud

Reliance et triplicité: communication de M. Maffesoli

 

Échanges et débats autour de la communication

et de l'oeuvre de Michel Maffesoli

 

Contributions

 

Des jeux et des joutes autour de M. Maffesoli
A. Lafortune

 

L'expérience éthique: du «devoir-être» au «vouloir-vivre»
J.-M. Larouche

 

De la recherche du temps perdu à la conquête du présent: fondements des programmes d'enseignement moral et perspectives maffesoliennes
M. Lewis

 

Mezzo Voce. Durkheim et la socioreligiologie
J.A. Prades

 

L'immoralisme érigé en éthique
É. Volant

 

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