Éditorial de Mario Bard,
du Relais Mont-Royal
Dieu... Pharaon ou serviteur? - SUITE 1
La tentation est grande aussi pour Jésus -au désert- de devenir chef du monde : "À toi je donnerai tout ce pouvoir, et leur gloire." Et Jésus de répondre au diable, (un nom qui vient du grec dia-ballo, celui qui accuse, divise et calomnie) : "Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et lui seul tu adoreras. " Après la multiplication de pains, Jésus s'arrache à la foule pour aller prier et il ordonne à ses disciples de monter en barque pour gagner l'autre rive. Pourquoi? La foule veut le faire roi, messie. (Jean 6,15) Il refuse d'entrer dans ce jeu du Messie fort, vainqueur de tout, sûr de lui. Il va prier. C'est, à la limite, déconcertant et choquant. "Profite de ta gloire" dirait on aujourd'hui. Comme elle étrangère à Jésus l'image du Dieu de gloire qui détruit et règne sur le monde comme un despote!
Jusqu'à la fin, il sera serviteur de l'être humain. En l'aimant "jusqu'aux entrailles " nous disent plusieurs textes de l'Évangile Souvenons-nous de son attitude envers la femme adultère : "Que celui qui n'a jamais péché lui lance la première pierre…Va et ne pêche plus ". Plutôt que de renier Pierre qui le renie, de condamner Judas qui le trahit, Jésus choisira de se dessaisir de sa vie, de pardonner…Il lavera les pieds de ses disciples en signe de son affection et de sa bonté. Il ira jusqu'au bout de l'amour.
Ces phrases de Jésus, son attitude nous conduise parfois au bord de l'indignation. " Quoi, Dieu oserait aller jusque-là avec cette personne qui ne vient pas à l'église, ne fréquente pas les sacrements, qui vend son corps en se prostituant, qui exploite les pauvres?" Oui, il faut se rendre à l'évidence. Si on ose affirmer que Jésus est Dieu fait homme, alors Dieu va jusqu'où nous n'osons pas aller : un pardon complet, une miséricorde qui paraît injuste. Un amour infiniment fou. Est-ce de ce Dieu dont je me réclame? Est-ce mon image de Dieu?
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