Le CHAT
et les MYTHES dans
l'ANCIENNE EGYPTE

À Félix

 

Je suis né de la Chatte sacrée, engendrée sous le sycomore de l'enclos par le germe-un venu d'en haut, afin que ma divinité ne puisse être niée... Je suis né de la Chatte sacrée, mais je suis aussi devenu un fils du soleil... Né de la Chatte, je suis le chef, le fils de la Chatte, le guide-double, qui restera éternellement pour sa mère le petit sauvé par la Chatte.

Paroles d'Osiris,
Le
Livre des Morts égyptien

 


 

Toujours en alerte, même au coeur du sommeil, le chat, veilleur nocturne, fut considéré par les Egyptiens comme le gardien privilégié des portes de la nuit et du royaume auquel elles donnaient accès. Les textes sacrés le nomment «chat-lumière» ou «grand matou». Il est le héros d'un épisode crucial du voyage nocturne de la barque solaire; un drame qui se joue chaque nuit, après que Rê, le soleil, sombre dans le sommeil et franchit les portes du monde infèrieur, accompagné par le cortège des morts justifiés.

Dans l'Amenta - le royaume des morts -, Rê, devenu un cadavre vulnérable à tous les dangers, parcourt les heures de la nuit.

A la huitième heure, Apophis, émanation de Seth, serpent visqueux et maléfique,

tente d'arrêter la barque solaire. Alors surgit le chat-lumière, invincible gardien, qui tranche la tête d'Apophis,

 

et la barque solaire poursuit sa route. Cette lutte de la lumière et des ténèbres se reproduira ainsi chaque nuit, dans un éternel conflit dont découle l'équilibre universel.

Ce pouvoir que détient le chat sur les forces ténébreuses se retrouve dans la statuaire. Les prêtres égyptiens conféraient à certaines statues une vie propre, grâce au rituel de l'ouverture de la bouche et ds yeux. La pierre, traversée par le souffle vital, possédait alors «un coeur et un kâ (force vitale)», et la statue vivante - traduction du mot égyptien shespankh, signifiant sphinx - attirait en elle une parcelle de la puissance de la divinité.

(...)

 

Il y eut plusieurs nécropoles de chats, à Saqqarah, Beni-Hassan, Stabl Antar. On pense généralement que les chats qui mouraient, dans les temples ou chez les particuliers, étaient embaumés, momifiés

 

- certains étaient ensuite placés dans des sarcophages -

puis enterrés dans une nécropole consacrée à l'animal...

 


Extrait du très beau livre de R. de Laroche et J.-M. Labat, Histoire secrète du chat (Casterman), illustrations de Mister G.

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