Les (més)aventures
de ZOG 1
er,
roi d'Albanie

 

L'Albanie, qui a connu de bien pénibles soubresauts politiques ces dernières années, en pleine transition postcommuniste, après les sombres décennies de l'ère Enver Hoxa, était appelée aux urnes, à la fin de juin et au début de juillet 1997. En même temps qu'ils devaient élire leurs députés, les Albanais étaient invités à se prononcer, par référendum, sur un éventuel rétablissement de la monarchie (eh oui, on voit de tout, à l'Est, par les temps qui courent...) et à remettre sur le trône son héritier et prétendant [*]: LEKA ZOGU, fils du dernier - et unique - roi d'Albanie, ZOG 1er, dont le règne dura une dizaine d'années (1928-1939).

Ce dernier (1895-1961), né sous le nom d'Ahmed ZOGU, était le descendant d'un illustre héros de la résistance contre les Turcs. Après la guerre de 14-28 et la défaite de l'Empire ottoman, il s'était fait élire président de la jeune République albanaise, en 1925.

Mais, pour des raisons qu'il serait trop long de développer ici, il fut assez tôt tenté de donner une constitution monarchiste à son pays et de se proclamer roi d'Albanie. (En fait, and to make a long story short , on peut penser qu'il y allait vraisemblablement, à l'époque, d'une question de... euh, standing , quoi...)

Non, c'est vrai, quoi, les couronnes étaient plutôt trendy dans la géopolitique de l'époque...

On voit assez bien, en tout cas, à travers la production postale de ces années troubles, l'évolution de la... «tentation monarchiste» de Zog - c'est-à-dire sa métamorphose de citoyen-président couronné de laurier...

en majesté chamarrée...

et de plus en plus royale...

 

Notons, à sa décharge, que Louis Bonaparte («Napoléon-le-Petit», dixit Victor Hugo), élu président de la République française en 1848, avait lui-même cédé à une... ambition analogue, s'auto-proclamant «empereur des Français» en 1852 sous le nom de Napoléon III. Pragmatiques et conservatrices, les postes françaises conservèrent tout de même à peu près les mêmes timbres -- en remplaçant seulement la RÉPUBLIQUE par l'EMPIRE...

 

 

Zog, qui dut prendre le chemin de l'exil en 1939, lors de l'invasion de son pays par l'Italie mussolinienne et fasciste, ne passa certes pas à l'histoire comme l'une des grandes figures politiques de ce siècle.

Ben... attendez de voir l'article LECH WALESA dans l'édition de 2017 du Petit Robert...

Pourtant, d'après Bruno LÉANDRI, illustre journaliste du très sérieux périodique français FLUIDE GLACIAL, ce petit monarque balkanique aurait tout de même eu l'insigne et très rare privilège d'inspirer HERGÉ lorsque celui-ci, dans Le sceptre d'Ottokar, dessina les traits de sa Majesté MUSKAR XII, roi de Syldavie...

 

Assez ressemblant en effet, hmmm???

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Bon... Certes, à l'époque, d'autres monarques à plumeaux auraient vraisemblablement pu faire aussi l'affaire, le très martial CAROL de Roumanie, par exemple,

dont le fils, enfin... l'héritier (c'est compliqué, ces trucs-là...), MICHEL,

avait une assez jolie gueule, tout comme le pauvre PIERRE II de Yougoslavie, d'ailleurs, qui était lui aussi parti pour être assez beau gosse...

Mais je m'éloigne, je m'éloigne...

 

On sait par ailleurs - mais ça, Léandri ne le dit pas, na! - que Hergé et E.P. JACOBS, le père de BLAKE et MORTIMER, étaient copains comme cochons - au point que Jacobs a eu droit, lui aussi, à la rarissime faveur de prêter ses traits à l'un des figurants des aventures de Tintin dans - mais là eh, oh... je vais pas me taper tout le boulot tout seul, moi, non mais! Surtout que... qu'il a déjà été super bien fait! Alors, pour les détails, allez plutôt voir le fabuleux site québécois À LA DÉCOUVERTE DE TINTIN...

Or donc... M'est avis que, peut-être - peut-être, là, je dis bien! -, ce brave roi Zog, qui n'était pourtant pas un si mauvais bougre, et qui était même passablement plus démocrate que la majorité de ses rustres montagnards de sujets (il avait été élevé à Oxford et il avait épousé une comtesse hongroisse du nom de Géraldine...), aurait malgré tout peut-être aussi pu inspirer à Jacobs les traits de l'horrible âme damnée du capitaine Blake et du professeur Mortimer - j'ai nommé (fût-ce avec crainte et tremblement) le fourbe, l'infâme, le cruel et diabolique OLRIK...

Euh... avec une casquette à la place du feutre, là (je cherche désespérément l'album dans lequel il fait le jar en uniforme de colonel...), qu'en pensez-vous???


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N.B. Ils ne l'ont pas fait... [retour au texte de la palpitante chronique]