Odilon Talbot

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J. O. TALBOT ENR.

J. O. TALBOT ENR.

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ANNÉES 1974-1975

Boucherville

Monsieur/Madame,

Ayant cumulé un recueil d'articles et de correspondances pour la période 1960-96, je me permets de publier électroniquement celui-ci maintenant que la technologie l'a rendu possible en attente d'une offre raisonnonable d'un éditeur.

Il s'agit de très nombreux échanges épistolaires témoignant du contexte québécois à partir du vécu d'un professionnel.

En raison du grand nombre d'écrits et la diversité des sujets abordés un choix pourrait conduire au traitement d'un sujet en particulier.

Je demeure à votre disposition et vous prie d'agréer, Madame/Monsieur, l'expression de mes sentiments les meilleurs.

RECUEIL D'ARTICLES

ET CORRESPONDANCES

COLLIGÉS CHRONOLOGIQUEMENT

RÉDIGÉ PAR ODILON TALBOT

(SUITE 2)

Tous droits réservés

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TACTIQUES POLITIQUES

Pour favoriser l'avènement du Parti Québécois au pouvoir, un parti de gauche relativement au P.Q. devrait être mis sur pied afin de rendre le P.Q. moins dangereux aux yeux de la majorité et des anglophones du Québec.

Aussi longtemps que le P.Q. sera perçu comme un parti de gauche, il sera probablement un parti d'opposition. L'absence d'un troisième parti sur la scène politique québécoise favorise la mise sur pied d'un tel parti. Un parti nettement gauchiste attirerait peu de membre du P.Q. et pourrait débattre des questions trop "chaudes" politiquement pour le P.Q.. Un tel parti aurait pu prendre le risque de participer à la campagne fédérale.

La campagne électorale fédérale représente pour les fédéralistes l'occasion de vendre leur option politique à la population québécoise. Les effets de la campagne électorale fédérale sont importants et très nocifs au P.Q.. Un parti séparatiste gauchiste au fédéral pourrait non seulement défendre l'option durant une campagne et durant leur mandat à Ottawa mais canaliser les votes séparatistes au fédéral.

Suite à l'élection provinciale, les élus des deux partis séparatistes ou indépendantistes du Québec pourraient collaborer étroitement dans l'opposition et dans l'avènement de l'indépendance (l'élection du P.Q.), le second parti pourrait éventuellement devenir un parti d'opposition.

D'autre part, dans un Québec indépendant des tendances commues comme libérales et conservatrices, de droite et de gauche devront être représentées.

Subséquemment à l'accession au pouvoir du P.Q., au moins un autre parti devra voir le jour au Québec devenu indépendant. Ce parti représentera-t-il les travailleurs spécifiquement? Cette possibilité quoique attrayante semble peu réalisable politiquement. Peut-être que les partisans du parti Libéral du Québec ou de l'ancienne Union Nationale ou le parti Créditiste du Québec fonderont-ils un parti d'opposition.

En résumé, avant l'indépendance du Québec, on préconise au coût d'efforts immenses, un parti séparatiste à Ottawa représentant les circonscriptions du Québec, un parti séparatiste gauchiste et le Parti Québécois. Après l'indépendance, seulement les deux partis séparatistes au Québec seront maintenus. Cette proposition semble complexe mais l'on se rappellera que le contexte politique l'est également.

Entre-temps et à défaut de quoi, nous souhaitons quand même les meilleures chances possibles au P.Q.. parti d'opposition officielle actuellement et futur parti gouvernemental québécois.

Québécoisement vôtre,

Le 11 juillet 1974

Paru dans le journal Le Jour le 6 août 1974 sous le titre "Au Québec, la fondation d'un parti de gauche favoriserait l'accession du Parti Québécois au pouvoir"

LE BILL 22 ET LES ENTREPRISES

Est-ce que le Bill 22 contribuera vraiment à la francisation des industries? Les anglophones du Québec respecteront-ils cette loi qui pourrait leur être défavorable pour une fois? Ma connaissance du milieu de travail anglophone me porte à croire qu'ils ignoreront dans les faits cette loi. Elle sera appliquée que dans sa plus simple expression lorsque les circonstances l'obligeront(méthodes coercitives). Les immigrants anglophones sont également dans une position moins favorable surtout ceux oeuvrant dans les secteurs de mise en marché, des relation publiques et des relations industrielles tout spécialement. Les plans de francisation des entreprises seront sûrement échelonnés sur plusieurs années et comprendront des menues étapes afin de satisfaire aux exigences minimales de la loi.

Cette loi appliquée rigoureusement, met en danger quelque peu les basses culturelles et économiques des anglophones du Québec mais à peu de chances d'atteindre sérieusement les équipes de travail existant au sein des entreprises!

L'adoption du Bill 22 constitue un léger soufflet pour les anglophones et son application en indisposera quelques-uns uns et en encouragera d'autres à s'intégrer à la majorité québécoise.

Cette mesure législative conditionne progressivement les anglophones à l'avènement de l'indépendance du Québec et au respect du point de vue de la majorité. Les francophones auraient avantages à gagner le respect des anglophones du Québec tout en imposant leurs points de vue les plus importants. Les anglophones constituent un pool de ressources et de connaissances impressionnantes qu'ils nous faut exploiter à sa juste valeur. Il en va de même de la contribution des autres groupes ethniques représentés ici.

Les anglophones auraient avantages, dans un tel contexte à créer leur parti afin de présenter clairement leurs points de vue au lieu de dissiper leurs énergies dans un parti francophone assez lourd à manipuler d'une façon efficace.

Le 27 août 1974

Paru dans le journal Le Jour le 9 septembre 1974 sous le titre La loi 22 et le monde du travail

LE BILL 22 ET LA LANGUE D'ENSEIGNEMENT

Selon une interprétation du Bill 22, les enfants non inscrits en mai qui ne possèdent pas une connaissance de l'anglais sont intégrés au secteur francophone, voici donc une amélioration!

Les classes bilingues de la CECM qui alimentaient le secteur anglophone, devraient disparaître, cet état de chose étant contraire à l'esprit du Bill 22. Les parents de ces enfants seront persuadés de les inscrire à l'école française où la langue seconde est convenablement enseignée.

On nous informe que les anglophones ont semble-t-il mis sur pied un comité chargé d'étudier les modalités d'admission des élèves à leur retour d'enseignement.

Le 28 août 1974

BILL 22 ET SON APPLICATION

L'impact du Bill 22 est contionné par les modalités d'application.

Le test d'admission au secteur francophone ou anglophone est une modalité d'application des plus importantes. Si le test est appliqué avec trop de souplesse, cette modalité n'influencera en rien la situation actuelle. Des cours spéciaux pourront être mis sur pied afin de faciliter l'inscription au secteur anglophone (la réussite de cet examen).

Le contenu du plan de francisation des entreprises ainsi que l'intervalle de son application témoigneront de l'impact du Bill 22.

Les mesures "punitives" appliquées par la Régie des langues influenceront la rigueur avec laquelle le Bill 22 sera appliqué.

Chacune de ces modalités influencera la vitalité d'un Québec en tant qu'état vraiment francophone.

Le 30 août 1974

LES CLÉS DU SUCCÈS

Pour réussir dans bon nombre de domaines et spécialement dans la fonction publique, il est recommandable de déblatérer contre les péquistes, les syndicalistes, les modalités d'implantation des systèmes mécaniques, l'ignorance et la stupidité des gens à revenu faible dans l'organisation de leurs affaires.

Il est recommandable de louanger les avantages du capitalisme, du parti au pouvoir, la religion telle que pratiquée depuis quelques siècles, une tenue vestimentaire et une coupe de cheveux conventionnelle, une tolérance à l'usage de l'anglais partout, des moeurs traditionnels en politique et en affaires, etc.

Il faut éviter tous changements non initiés par les plus hauts dirigeants en réalité ou en apparence, de présenter des mesures dans un autre secteur d'activité que le sien ainsi que la moindre critique sans être parrainé par un haut dirigeant, toutes divergences de vue significatives avec son supérieur (la vérité vient d'en haut); de présenter une impression d'insatisfaction, de ralentissement des affaires (le temps est au beau fixe), une familiarité avec les collègues d'un même niveau et surtout d'un niveau inférieur, les moindres réticences à acquiescer au moindre désir du supérieur et de ses patrons supporteurs, de trop produire ou de diffuser des rapports directement, de commenter les performances et les habilités des supérieurs ainsi que des collègues, etc.

Ces quelques règles nous assurent une existence paisible au sein d'un organisme et une progression des plus rapides selon les possibilités du milieu et les possibilité créées afin de récompenser notre valeur relativement à d'autres employés moins dociles, mésadaptés, trop ambitieux, moins communicatifs, etc. à compétence égale, inférieure et supérieure.

Le 3 septembre 1974

Paru dans le journal Le Jour le 30 octobre 1974

LE JEU DÉMOCRATIQUE

Il existe un cercle vicieux par lequel le système fédéraliste est maintenu au Québec. Ce système est appuyé par les contribuables en ce sens qu'il leur est vendu au cours de la période électorale à même les sous perçus dans leurs goussets et donnés à la caisse électorale. Il en est de même tout au cours de la période d'exercice du pouvoir.

Un autre aspect de la situation est celui de la distribution des gratuités par le gouvernement au pouvoir afin d'acheter l'appui des citoyens.

Les organismes prônant d'autres thèses survivent difficilement privés d'appuis fiannaciers. J'ai eu l'occasion de visiter quelques maisons d'édition gauchistes et de constater les faibles moyens dont ils disposent.

Le jeu de la démocratie est définitivement faussé à la base. C'est l'explication que l'on peut donner au fait que de nombreux syndiqués sensibilisés à la politique parviennent péniblement à influencer les résultats des élections.

Un parti indépendantiste innovant en terme de moeurs électorales en plus de présenter un nouveau mode de centralisation des décisions administratives à Québec, risque de voir contrer ses efforts par le parti au pouvoir à moins d'exploiter les moindres situations défavorables à celui-ci et de se doter d'une organisation à la base très forte immunisant ses partisans et leur entourage contre manoeuvres poliques de l'adversaire.

Les médias d'information sont au service de la population en principe mais en pratique regroupent des fonctionnaires et des salariés dont le rôle est de protéger les intérêts du parti au pouvoir ainsi que ceux des personnages le représentant afin d'assurer leur avancement personnel.

Les salariés appuient leurs chefs syndicaux lorsqu'ils défendent leurs intérêts pécuniaires et les partis politiques représentant le moins de risque, selon la propagande et les avantages personnels qu'ils peuvent soutirer.

Les professionnels et spécialement les ingénieurs-conseil, les cabinets d'avocats, etc. reçoivent du gouvernement un fort pourcentage de leurs revenus et doivent contribuer à son maintien.

Les médecins bénéficient d'un traitement particulièrement généreux et influencent la population sur le plan politique à un haut degré. Il en est de même des dentistes.

Le 9 septembre 1974

LE RESPECT DE LA DÉMOCRATIE

Le Président du Parti Québécois parle de démocratie, d'intégrité politique, de saines moeurs politiques mais malheureusement pour le PQ l'insuccès de ce dernier à se faire élire remet en cause l'acceptation par la population du Chef du PQ et par conséquent le processus démocratique. Beaucoup de sympathie et de respect du présent président me font hésiter à émettre de tels commentaires.

La vivacité du PQ est malheureusement liè à l'image de son président qui à deux reprises ne fut pas accepté par la population. De nombreux députés péquistes pourraient prendre la relève. Le présent Président ferait sûrement un excellent aviseur ou pourrait occuper d'importantes fonctions au sein du PQ. Les vices du système électoral sont tels qu'ils disqualifient jusqu'à un certain point des personnages très intéressants et permettent à d'autres personnages moins attrayants d'accéder à d'importantes fonctions.

En laissant la gouverne du PQ à un autre personnage, personnalité, l'actuel Président permettrait au parti un deuxième envol. Cependant, il pourrait très bien y revenir lorsqu'une autre occasion s'y prêterait.

Il est particulièrement difficile de faire de telles remarques à l'adresse de quelqu'un aussi dévoué à cette cause d'indépendance. Le Président actuel est réellement le père du PQ à mon humble avis et d'après ma connaissance du PQ. Même s'il a oeuvré au sein du parti Libéral, il semble n'avoir retenu de cette expérience qu'une meilleure connaissance de milieu politique qu'il applique à la promotion du PQ. Sa connaissance de vieux routiers de la politique lui aide à prévoir et à interpréter les manoeuvres des partis antagonistes.

Il est dommage qu'à l'encontre du présent Président du PQ, trop de citoyens du Québec, soit pour ne pas avoir pu comparer les capacités du Québec à celles de d'autres pays compte tenu de la population, soit par crainte d'assumer plus de responsabilités dans l'administration des affaires québécoises, se refusent à envisager le Québec comme pays indépendant sur le continent nord-américain et parmi les autres pays.

Le 11 septembre 1974

LE COLONIALISME AMÉRICAIN

Afin de combattre l'influence américaine au Québec doit-on refuser d'adoption de leurs méthodes? Non, il faut emprunter et adopter les méthodes américaines au contexte québécois. Lorsque ces méthodes sont efficaces et représentent un atout. On aurait tort en certaines occasions d'essayer d'réinventer la roue (des systèmes complets et rodés) à des coûts et des efforts économiques.

Je suis convaincu que les Américains ont appliqué de nombreuses méthodes françaises, britanniques, allemandes, etc. Le Japon a basé son essor technologique et économique particulièrement sur les méthodes américaines, canadiennes et autres.

Il est préférable de vendre et de développer de nombreux nouveaux produits et méthodes québécoises mais on ne saurait le faire efficacement sans connaître et expérimenter d'autres procédés.

Le pays du Québec, à l'exemple de nombreux autres petits pays, ne peut espérer jouir de l'importance des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine, etc. mais peut être riche et influant relativement à sa population. Le produit national brut même relativement faible en comparaison de celui des Etat-Unis ou du Canada peut très bien être enviable si l'on tient compte de la population. Espérer à être les premiers partout est une utopie mais l'être dans quelques secteurs est plus raisonnable. A vouloir devenir trop puissant rapidement inconsidérément de ses possibilités, l'on ne réussit pas à se développer vraiment. Par exemple, il est difficile à quelqu'un de s'enrichir s'il ne vit pas selon ses propres moyens et n'économise pas.

La connaissance et l'acceptation de ses capacités ainsi qu'une bonne évaluation des capacités des autres pays conduisent un pays à un sain et harmonieux développement.

Il va s'en dire que tous les efforts doivent être dépensés afin d'acquérir une bonne connaissance et expérience des méthodes américaines les plus intéressantes à un coût minimum en échange du nombre minimal de compensations et d'influences étrangères.

Nous souhaitons donc un Québec authentiquement québécois mais à l'ère de la technologie et des communications de 1974 sinon 2000.

Le 11 septembre 1974

LES ANNONCES CLASSÉES DU JOUR

Selon mon expérience personnelle, il appert que les annonces classées du Jour sont un moyen efficace d'annoncer.

Après avoir annoncé seulement une fois dans notre journal, notre appartement fut loué. Une autre offre de location fut refusée le me jour tandis que d'autres appels suivirent.

Le petit nombre d'annonces apparaissant dans notre journal attirent vivement l'attention même si le tirage du Journal n'est pas le plus élevé au Québec.

Espérons que d'autres lecteurs suivront mon exemple et bénéficieront de ce service

Le 17 septembre 1974

Paru dans le Jour le 5 octobre 1974

LE CONSEIL SCOLAIRE DE L'ILE

Le Conseil scolaire de l'Ile représente un regroupement imposant d'anglophones. On ne peut que difficilement aspirer faire du Conseil un organisme unilingue français dû aux forces en cause malgré une concentration d'éléments nationalistes provenant partiellement de la CECM. Le pouvoir des anglophones est de nature non seulement politique mais économique. Sur le plan humain, on ne peut igno- rer leurs besoins actuels quitte à donner des orientations qui leur seront défavorables. Même les nouvelles politi- ques et orientations ne sont défavorables qu'en apparence.

Rédigé le 18 septembre 1974

LE MOBILE

Qu'est-ce qui motive un administrateur? Le gain pécuniaire est sûrement un facteur important de motivation. L'orgueil et le goût du pouvoir en sont deux autres.

Les administrateurs réagissent rapidement sinon violemment lorsque leurs intérêts personnels sont en cause. Ils font des efforts immenses pour ne pas perdre la face selon une expression courante. Ils peuvent mettre la vivacité d'un organisme en cause afin de défendre leurs points de vue et de prouver l'importance de leur rôle. Les syndicats ont probablement appris d'eux ces stratégies.

Les administrateurs sont dévoués à ceux qui réussissent à promouvoir leurs intérêts ou tout autre facteur ou personne influençant leur avancement d'une façon positive.

En période d'accalmie, les administrateurs adopteront leurs organisations et leurs méthodes de travail à leur conception personnelle sans prendre de chances de mettre en cause le tatu quo ou leur position déjà enviable. Si l'imagination ou les connaissances font défaut, ils s'appuieront sur les éléments dynamiques mais conciliant de leur organisation tout en créant un consensus. On réalise que les administrateurs trouveront souvent plus simple d'éliminer ou de bâillonner des éléments de leur organisation que d'utiliser positivement ces potentiels ce qui requiert plus d'imagination et de représentation en haut lieu.

Même si un haut fonctionnaire constate une ou des anomalies dans l'organisation ou les méthodes administratives, il n'interviendra qu'en accord avec ses compères pour se ménager leurs appuis et la non-ingérence dans son organisation à moins de vouloir prouver sa haute intégrité ou sa compétence à son supérieur immédiat ou accroître son influence.

Seulement en périodes critiques, les administrateurs feront appel à des spécialistes ou du personnel d'alliances adverses. Par exemple, l'on embauche une ex-syndicaliste afin de résoudre des problèmes de relations de travail.

Le 25 septembre 1974

L'IMAGE DE RENÉ LÉVESQUE

Il y a un an ma mère me disait "René Lévesque: une "vieille face". A ce moment-là, j'ai été insulté et lui ai fait remar- quer qu'elle était plus âgée que lui. Avec le recul de quelques mois, j'admets maintenant que M. Lévesque ne présente pas l'image sécurisante d'un Robert Bou- rassa. L'image d'un chef détendu, sérieux, posé et entouré d'un cadre familial est un atout important. Je crois maintenant que la réflexion familière de ma mère re- flète un point de vue partagé par une large proportion de l'électorat québécois, et en dit beaucoup sur l'image de notre chef, homme émérite sans aucun doute.

Rédigé le 11 octobre 1974

LES BONS COTÉS DU MARIAGE

Deux personnes supposent mille et une affinités et également mille et une différences dans les points de vue quant à l'organisation de la vie familiale et les activités para-familiales.

Au fur et à mesure que les décisions sont prises des orientations apparaissent selon les forces de caractère en cause. Est-ce que le point de vue de l'épouse triomphe souvent? Si oui, les orientations sont celles de celle-ci et au cours de plusieurs années, les points de vue du mari seront exceptionnellement adoptés et ce dernier réalisera les objectifs définis par l'épouse ou rejettera constamment les influences de son épouse. L'inverse se produit également ou une position mitoyenne est réalisée.

L'influence de l'épouse dans la gérance du foyer est importante. Si le mari préfère résoudre des problèmes en fonction d'objectifs à long terme (économie, achat d'une maison) tandis que l'épouse préfère obtenir des résultats à court terme, les orientations seront différentes. il en va de même des tendances politiques. Sera-t-on intéressé à une idéologie ou aux bénéfices découlant de l'adhérence à un parti au pouvoir. Chaque secteur offre des occasions de dialoguer, d'échanger et de décider.

Les sujets de rapprochement sont également nombreux; l'épanouissement sexuel, les enfants, les réalisations conjointes, etc.

Le 18 septembre 1974

LA GESTION DE DIFFÉRENTS PROJETS

La nature des projets influence l'avancement de ce dernier. Si le projet se situe dans l'entreprise privée ou le secteur public. Les méthodes ou système de gestion utilisés seront semblables.

Dans le secteur public comme dans l'entreprise privée l'urgence de la réalisation de différents projets témoigne de ses chances de réalisation sur une courte période. Si on est prêt à allouer des ressources considérables à un projet, on est en droit de s'attendre à un déroulement rapide mais à des coûts correspondants ou énormes.

D'autre part, un projet dont la raison d'être et son contenu sont remis en cause à plusieurs reprises au cours de son déroulement risque également de coûter cher.

Les organismes d'envergure dits parapublics ressemblent beaucoup aux organismes publics par l'ampleur des projets, la complexité du projet, le nombre d'activités, les influences (approbations) politiques, etc.

Les projets confiés à l'entreprise privée présentent souvent un caractère urgent et original. L'expérience acquise à la réalisation de ces projets quoique d'importance n'en est pas moins différente de celle acquise à la gérance de projets au sein d'un organisme public. Le rythme de réalisation est souvent plus lent et l'équipe de gestion des projets moins bien identifiée. Plus l'organisme est petit, plus l'impact d'un projet relativement important se fera sentir et forcera l'affectation spécifique de ressources à ce projet.

Même dans un organisme privé de taille, la gestion par projet est généralement faible et à plus forte raison dans le secteur public. Les organismes sont généralement structurés selon les fonctions (principaux services) offertes. De plus en plus, l'importance d'une double structure est ressentie dans plusieurs sphères d'activités.

Le 11 octobre 1974

LE BOIS MORT

T Dans tout organisme, l'on retrouve ce que certaines personnes s'amusent à appeler du "bois mort` c'est-à-dire des personnes qui ne fonctionnent" pas très bien au sein de l'organisme. Souvent ces personnes s'étaient préparées à une promotion ou à occuper un poste donné et cette promotion fut accordé à quelqu'un autre plus près des vues du (des) supérieur(s) ou qui ne possède pas d'expérience et d'idées précises et arrêtées quant à la gestion du secteur concerné. Suite à plusieurs "rebuffades" de la part de leurs supérieurs, ces personnes ne peuvent plus "fonctionner" aux dires de ces supérieurs. Plus les exigences des supérieurs sont précises, plus l'on retrouve du "bois mort". Dans un organisme public, on pourrait croire que ces personnes sont en plus grand nombre que dans l'entreprise privée où la mobilité des effectifs est plus grande. Lorsque cette situation se produit pour un employé ayant plusieurs années d'expérience on le place "sur une tablette" pour employer une expression courante, ou on lui confie des fonctions auxiliaires. Pour un nouvel employé non-syndiqué ou un cadre, on pourra être plus radical. Le rejet de l'organisme peut résulter d'activités à l'extérieur de l'entreprise; adhérence à un mouvement peu accepté, prise de position officielle favorable à une nouvelle idéologie, documentation de déficiences de l'organisme perçue comme des critiques, etc. Ce phénomène traduit généralement une résistance aux changements!

L'IMAGE PROJETÉE PAR UN FONCTIONNAIRE DYNAMIQUE

Si vous rédigez des rapports soulignant des retards de différents projets ou de nouvelles méthodes palliatives alors que vous occupez un poste de professionnel, assurez-vous que vos idées sont présentées par votre patron. Sinon, l'on éliminera votre poste au lieu de vous laisser jouer un rôle correspondant à l'exercice de vos fonctions surtout s'il s'agit d'un nouveau poste. Si vous persistez à vouloir exercer vos fonctions, l'on vous accusera d'insubordination et toute mutation ou promotion vous sera interdite par les supérieurs. Le respect de la hiérarchie et de l'ancienneté constitue au argument de défense des plus efficaces, pour les administrateurs en place. Chacun doit respecter son propre secteur et celui des autres sous peine de représailles.

L'IMAGE D'UN PATRON

L'attitude générale observée chez les patrons en quête d'avancement en est une de réduction des dépenses, des temps alloués à diverses opérations, des ressources requises et une augmentation de la productivité ainsi que de la qualité. Par ailleurs, nous observons que les mêmes personnes exigent des salaires mirobolants, des bénéfices marginaux des plus farineux pour eux-mêmes et le plus de pouvoir possible. Pour d'autres, ils exigeront une délimitation précise des tâches tandis qu'eux s'évertuent à accroître leurs champs d'influence et de rayonnement souvent en empiétant sur les prérogatives du (des) voisin(s). Deux poids, deux mesures! Il ne faut pas s'étonner des réactions du personnel et des difficultés en relations de travail. Même si le contexte n'est pas décrit par le personnel, il n'est pas moins connu et ressenti. Fréquemment, on veut un résultat immédiat et excellent, au détriment des relations de travail et d'affaires. On hésitera pas à bousculer quelqu'un afin d'obtenir un résultat donné et par contre on se plaindra de ses attitudes négatives en d'autres occasions.

LA LOI DE LA JUNGLE

A moins d'effectuer un chantage efficace, l'on ne peut s'attendre à un avancement quelconque dans le secteur public si l'on présente une nouvelle philosophie et de nouvelles méthodes de travail. Une autre approche consiste à donner satisfaction à son patron immédiat en tout ce qu'il demande et attendre espérant qu'il obtiendra une promotion lui-même et que l'on deviendra son successeur.

Rédigé en 1974

INDEXATION DES PRIMES D'ASSURANCE À LA VALEUR DES VÉHICULES

Si vous possédez une voiture datant de plus de cinq ans, il est peu rentable d'être assuré.

Suite à un léger accident, je me suis vu offrir trois cent dollars par le responsable de l'accident. D'autre part, j'ai tenu à vérifier ce que mon assurance pouvait m'obtenir et se fut deux cent quatorze dollars alors que l'évaluation du garage était de neuf cent quatre-vingt-dix. Ainsi donc non seulement, j'ai défrayé le coût de mon assurance mais j'ai subi un règlement inférieur de quatre-vingt six dollars. Il est évident que les compagnies d'assurance de connivence avec les garages continuent à exiger le plein montant de l'assurance alors qu'ils ne remboursent qu'une faible portion des dommages. Lorsque je payais mon assurance, il me fallait la payer au complet que je sache. Ces compagnies devraient également suggérer à leurs clients de discontinuer leur protection relative à leur voiture lorsqu'elle représente environ mille dollars selon les prix dit de liste.

Dernièrement, il m'a fallu faire changer la vitre arrière de mon véhicule décapotable. Mon assurance assure les frais soit cent cinquante dollars moins vingt-cinq ce qui est normal Le garage m'a informé qui'il fallait également renouveler le toit au coût de deux cent dollars. Après entente avec ma compagnie d'assurance, ils défrayaient ce coût moins vingt-cinq dollars de frais déductible et j'en fis part au garage (G.L.). L'employé du garage téléphona à ma compagnie et les convint de ne payer que quante pour-cent des coûts toujours pour la même raison (dix pour-cent de dépréciation annuellement). J'avais demandé à cet employé de n'en rien faire et il m'assura que beaucoup de clients lui étaient référés par les compagnies d'assurance et qu'il préférait leur donner satisfaction même si c'est le client qui défraie, en somme, ces réparations.

LE CHANTIER OLYMPIQUE VU PAR UN TRAVAILLEUR

Montréal, le 2 janvier 1975

Monsieur le Rédacteur,

Monsieur,

La présente est pour vous soumettre ce texte à titre de collaboration spéciale pour votre chronique traitant des Jeux Olympiques de 76.

J'occupe présentement un poste de responsable en ordonnancement, planification et d'un centre de calcul pour l'entreprise conjointe Desourdy-Durançeau (D&D) au projet du parc olympique.

Espérant que vous jugerez mes remarques dignes d'être publiées dans votre journal, je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments les meilleurs.

MON EXPÉRIENCE DES JEUX OLYMPIQUES

Mon milieu de travail

A mon arrivée, parmi le groupe de travail, mon patron m'averti de ne pas m'intéresser aux projets des autres, autres parties du parc olympique et qu'un technicien peut valoir un ingénieur. Quoique engager pour effectuer la planification, on me confia un centre de calcul et insista pour que planifie moi-même près de la moitié du parc olympique. Rapidement, je perdis le seul aide à la planification dont je disposais en raison de la personnalité centralisatrice de mon patron.

L'équipe de planification de l'Entreprise est constituée de quelques ingénieurs sans expérience préalable en planification et en ordonnancement.

Normalement, un autre organisme (LVLV) devait traiter mécaniquement nos programmes de travail mais ce n'est que d'une façon erratique qu'ils le font. En maintes occasions, j'ai observé la crainte de mon jeune patron à mon égard compte tenu de mes qualifications de niveau du deuxième cycle universitaire. On retrouve dans l'organisation des dirigeants aux différents niveaux hiérarchiques à formation de niveau élémentaire et d'autres de niveau universitaire. La diversité des groupes en cause fait qu'il est difficile de fonctionner de façon systématique.

Afin de motiver les administrateurs, deux organismes ont été nommés pour administrer le projet (D&D ET LVLV). L'expression, acronyme D&D cache une double souche ou personnalité de l'entreprise où deux groupes se disputent les occasion de remplir leurs goussets.

La réalisation des jeux à temps est un défi compte tenu des nombreuses parties en cause. S'il y avait entente entre les groupes ou une répartition rapide des liquidités, l'avancement du projet en serait amélioré d'autant.

Le groupe québécois Desourdy, nous a impressionné par ses méthodes diplomatiques rodées quoiqu'un peu vieillottes. Le noyau des entreprises-mères restera presque intact car il est peu probable que des spécialistes soient intégrés à ces équipes à caractère familial. Toutefois, ces entreprises mères nous ont déjà agréablement surpris. A prime abord, j'ai été surpris par l'apparente harmonie de l'équipe de gestion pour m'apercevoir que cette équipe est aussi divisée que bien d'autres.

L'employé de bureau de l'Entreprise est aussi invité à poinçonner une carte de présence et est rémunéré sur une base de temps simple après 17h00 (quarante heures semaine). Au cours des fêtes de Noël, les employés n'ont bénéficié que de quatre jours fériés rémunérés. Les bénéfices marginaux sont réduits au minimum quoique l'on accepte une journée de maladie par mois de service.

Le projet du parc olympique

Les constructeurs du projet commencent à se familiariser avec les exigences du projet. Ils ressentiront de moins en moins le besoin d'être assistés par les experts européens. Il est à noter que sur le plan linguistique la contribution française à améliorer à un haut degré le français d'un tel milieu. Autant, j'ai eu l'occasion d'observer l'influence de l'anglais que j'ai eu le loisir d'observer celle du français sur le continent américain. Nos amis français nous ont appris beaucoup tant sur le plan technique que sur le plan entrepreneurship. Déjà, il est impressionnant d'admirer les équipements en voie d'érection.

Les coûts du projet dépasseront sûrement de deux à trois fois les estimés (1,5 milliard) de LVLV. Personnellement, je commence à croire à la possibilité de réaliser la plupart des équipements sauf si une situation comme celle qui subsiste au chantier du stationnement Pie IX où des fissures dans les dalles gèlent encore l'avancement (marge de -91 jours ouvrables ou retard). A moins d'être généreux, les travaux seront continuellement perturbés car chacun des participants considère normal de tirer sa quote part. D'ailleurs, des procès pourraient après terme être très coûteux compte tenu des frais et de l'inflation.

Etant donné le peu d'expérience dans l'ordonnancement et la réalisation de tels projets, les cheminements sont réalisés sur la base de projet à durée fixe et à ressources relativement illimitées mais soumisses à un certain contrôle sinon surveillance. Les procédures d'autorisations des travaux contingents sont à l'origine de nombreux retards.

A l'instars des constructions d'école dont l'ouverture est requise à une date précise, on ne saurait sous estimer l'importance de l'approvisionnement des équipements sportifs ainsi que la finition des facilités requises.

Le 18 mars 1975

P.J. Organigramme des intervenants au parc olympique

P.S. La préfabrication des éléments du stade accuse un retard considérable. Neuf éléments avaient été fabriqués la semaine dernière alors que le rythme de production devait être de quarante-huit par semaine depuis plus d'un mois.

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